Au secours, ma plante subit une attaque ! Où est ma kalach', ma bombe atomique, ma tapette à mouche ? Vite, que j'anéantisse l'envahisseur !
Tss, tss, tss. On se calme. D'abord, les plantes ne nous ont pas attendu, nous pauvres humains, pour les défendre. Elles font ça (très bien) toutes seules. En principe. Certains attaquants sont bien connus des végétaux et leurs systèmes de défense sont au point. Sous réserve que la plante soit en bonne forme physique, cela va de soi : une alimentation saine, pas d'excès de boissons, un environnement serein, un peu de sport (ah non, peut-être pas) bref, vous connaissez la ritournelle.
Que fait donc le végétal quand il reconnaît son attaquant, que ça soit une chenille, un puceron, un champignon ou une brûlure du soleil ? Il met en place toute une tripotée de stratégies. Je vous en parlerai un jour (si vous êtes sages). Celle qui nous intéresse ici s'appelle : la compartimentation. C'est *the* stratégie qui nous donnera une indication sur la suite à donner à toute cette affaire.
La photo ci-dessous montre une feuille de fraise qui a été brûlée par le soleil au travers de gouttes d'eau (effet loupe, sous serre).
Qu'a donc fait le fraisier ? Il a volontairement fait mourir les cellules concernées. Bon, c'est vrai que ces cellules ne devaient plus être très fraîches après cette attaque du soleil. Contrairement à nous, les plantes n'ont pas de système de régénération cellulaire. Elle doit donc procéder à un "abandon cellulaire". Ciao ! Salut ! Bye-bye !
Puis, pour se protéger d'une éventuelle contamination, pour éviter que toute la feuille (tige, écorce...) soit boulottée, la plante va installer des barricades. Certes, c'est plus parlant lorsque l'on parle d'une attaque bactériologique ou fongique, mais le processus est le même avec le soleil.
Cette barricade dont je parle, c'est une barrière chimique qui va isoler la blessure du reste de la feuille. Cette fameuse "compartimentation". Vous les voyez, là, sur les photos ci-dessous ? Ces barrières plus foncées ?
À partir du moment où la plante a formé sa barrière protectrice, l'attaquant est déjà loin. Il peut revenir, bien sûr (comme le soleil sur la goutte d'eau). Mais la feuille n'en mourra pas. Il n'y a plus de danger pour la vie de la plante.
Alors... on ne fait rien. Pas touche ! La plante a géré tout ça elle-même, comme une grande. Sous réserve de la méthode des 5 pas (voir ci-après).
Sur la photo ci-dessous, quelque chose a attaqué une autre feuille de fraisier. Je ne sais pas ce que c'est, mais je m'en fiche, car le danger est désormais écarté.
Si, à l'inverse, vous ne voyez pas cette barrière, c'est que la plante n'a pas reconnu l'attaquant et dans ce cas, vous pourrez l'aider, en premier lieu, en identifiant son adversaire.
Important : en période d'attaque, il ne faut en aucun cas arroser la plante avec un extrait fermenté (les purins, comme le purin d'ortie par exemple). Cela aurait exactement l'effet inverse : booster l'adversaire.
Il existe des maladies que les plantes ne reconnaissent pas, comme le black rot sur les marronniers ou le très célèbre mildiou. La plante ne compartimente pas et la maladie peut se propager ainsi jusqu'à détruire la plante.
À l'inverse, la tavelure (maladie fongique) est très bien reconnue par la plupart des arbres fruitiers. Mais évidemment, des pommes toutes tachées, c'est pas très vendable. Donc, même si la plante sait se défendre, rien n'empêche d'assurer le service prévention minimum. Si nécessaire.
Revenons au cas où l'ennemi a été repéré. La plante s'est protégée et a mis en place d'autres stratégies pour le maintenir à distance. Il se peut néanmoins que ledit ennemi attaque sournoisement par-derrière. Re-belotte, le végétal va donner l'ordre aux cellules touchées de se faire hara-kiri (pas confondre avec la vache du même nom) puis former sa barrière protectrice.
L'ennui, c'est qu'elle va se fatiguer à faire ça, cette opération étant pour elle très coûteuse en sucre. Du coup, à force, elle risque de péricliter et s'effondrer. Pof, fini, adieu la plante.
Si on peut l'aider en lui apportant un petit remontant (des extraits fermentés par exemple), on n'hésitera pas. Mais avant de sortir l'artillerie lourde, on appliquera la méthode des 5 pas (ou 10 si vous avez des petits pieds). Il suffit pour cela de se positionner devant la malade, de reculer de 5 grands pas ou 10 petits pas et d'observer l'étendue du désastre. Une seule et unique petite feuille touchée au milieu d'un magnifique feuillage vert ? On ne touche à rien (mais on n'oubliera pas de couver la convalescente d'un regard attentif et bienveillant).
Qui-qui retrouve la feuille attaquée, gagne une fraise !
Plein de feuilles (de tiges, de branches...) sont touchées ? Alors, on agit, évidemment, à grands coups de décoctions, tisanes, macérations ou huiles essentielles si vraiment c'est la guerre.
Et je le redis (quitte à paraître lourdingue) : pas d'extrait fermenté (purin) en pleine attaque. Après : oui. Pendant : non. C'est compris Willy ?