Je ne connais pas un jardinier, un arboriculteur possédant des pêchers ou des nectariniers qui n'auraient pas été, au moins une fois, frappé par la foudre de la cloque. Enfin, ses arbres, pas lui !
Cette affreuse cloque qui donne des moches boursouflures sur les feuilles des arbres, notamment les pêchers et nectariniers. Comme sur la photo. Berk ! Cette maladie est due à des spores de champipi (le Taphrina deformans me souffle Wikipedia à l'oreillette). Ce champignon vit toute la saison accroché aux basques de l'arbre, puis les spores s'infiltrent pendant l'hiver dans les bourgeons foliaires. Et quand ils s'ouvrent, paf, c'est la cata.
C'est la cata au printemps, quand il pleut et que les températures sont encore basses. Une fois l'été venu, en tout cas chez nous en Provence, les conditions ne sont plus réunies pour son développement et alors tout va bien, merci.
Les feuilles se cloquent, se rabougrissent et finissent par mourir. Si vous avez un bébé arbre et qu'il avait péniblement fait pousser 10 feuilles et que 7 d'entre elles sont atteintes... ben... il ne restera plus beaucoup de feuilles pour sa photosynthèse. L'arbre ne se développera pas, ses rameaux vont dépérir eux aussi. La cata, je vous dis.
Sur un arbre adulte, bien traité, le risque est nettement moindre (même si la récolte risque d'être légèrement impactée).
Il faut donc agir. Vite et Bien. Vite, ça veut dire avant que les feuilles n'apparaissent. Idéalement, il faudrait faire un traitement à l'automne et au printemps, là, maintenant. Tout de suite ! Une fois que les feuilles sont là, c'est trop tard. Sniff.
Alors, kèskonfait ?
C'est ma méthode préférée désormais. On avait essayé plusieurs autres, mais c'est celle-ci qui nous a le plus convaincu.
La recette :
Pourquoi ça marche ? L'ail contient des dérivés soufrés qui inhibent la croissance des champignons. Grâce à sa forte teneur en silice, la prêle renforce les parois cellulaires des végétaux et améliore ainsi sa capacité à lutter contre les maladies cryptogamiques.
Vous avez bien lu ? J'ai parlé de décoction de prêle et non pas d'Extrait Fermenté (EF) de prêle. D'une part, parce que la silice s'exprime mieux dans la décoction que dans la fermentation et d'autre part, parce qu'il ne faut pas mélanger des EF avec la décoction d'ail (dixit Eric Petiot... mais je ne sais plus pour quelle raison et j'ai la flemme de chercher).
On pulvérisera ce mélange sur le feuillage (enfin, plutôt les rameaux nus) à raison de 1 traitement tous les 3 jours pendant 9 jours. Bien sûr, on évitera de faire ça s'il pleut !
À l'automne, on pourra faire un arrosage au sol, au pied des pêchers. Parce qu'il semblerait (mais je n'ai pas retrouvé mes sources) que les spores descendent sous terre pour passer la première partie de l'hiver.
Une autre méthode connue est la plantation de liliacées au pied des pêchers. Je l'ai fait, je ne suis pas vraiment certaine que ça fonctionne. Mais pourquoi pas ! Pensez surtout aux Tulbaghia, une jolie fleur de cette famille soufrée.
Eric Petiot recommande de perfuser l'arbre avec de l'huile essentielle (HE) de sarriette. Certaines personnes m'avaient conseillé aussi l'HE de thym... mais je n’ai aucun recul là-dessus. Quant à la sarriette, nous l'avions utilisée avec un succès très correct pendant des années. Pour cela, il faut un "perfuseur" (en vente ici par exemple). Et la mixture suivante :
Mettre dans un récipient 2 cuillères à soupe (cs) d'huile végétale (d'olive c'est encore mieux) et y verser 10 gouttes de HE. Touiller. Ajouter ensuite 2 cs de tensio-actif. Touiller jusqu'à ce que l'huile change de couleur. Verser ensuite dessus 1 litre d'eau de pluie, petit à petit, comme si vous montiez une mayo.
Et voilà ! Plukà verser dans le perfuseur que l'on fixera sur le tronc de l'arbre. L'aiguille doit rentrer juste sous l'écorce pour que le traitement pénètre dans la sève.
Bon, vous avez peut-être entendu parler des coquilles d'oeuf à pendre aux arbres ? Je vous laisser essayer si vous en avez envie, mais franchement, hein...
Et sinon, y a les prières, les trucs plus ésotériques. Là aussi, je vous laisser essayer !
Crédit photo : Markus Hagenlocher (Wikimedia)