Je ne compte plus le nombre d'arbres que nous avons plantés dans notre vie, entre les arbustes de haies, les petits fruits, les arbres d'ornement, les fruitiers, les plants de vigne et les oliviers... on devrait avoisiner, pfff, les, oh, le millier de plants ! Disons donc que nous avons un petit peu d'expérience :)
Trou de plantation - Racine nue - Pralinage - Alors, ce trou, ça vient ? - Tuteurage - Filet anti-lapin - Au fond du trou - A la surface - Arrosage
Nous avons amélioré nos méthodes au fil des ans. Il y a autant de techniques que de planteurs d'arbres, chacun y va de sa petite spécificité. Nous ne prétendons pas détenir la vérité, juste une façon parmi d'autres. Alors, voici comment nous procédons :
Dès la fin de l'été, une fois que les premières pluies ont ameubli la terre asséchée, nous commençons à préparer les trous de plantation. Petit à petit, quelques trous chaque jour, ça passe mieux, question muscles. Car oui, nous les creusons à la main. Enfin... avec un outil quand même :)
L'idée est de décompacter la terre sur un rayon de 50 cm afin que les racines des futurs arbres puissent prendre leurs aises facilement, sans avoir besoin de se battre contre des blocs de terre-béton.
Et pour décompacter, rien de mieux que la grelinette. On plante un piquet à l'emplacement prévu et on tourne autour avec la grelinette, à reculons. Le premier coup est plutôt dur (suivant l'état du sol), mais les suivants passent crème.
Une fois le cercle complètement greliné, on sarcle afin d'enlever les herbes et leurs racines. On laisse le tout à la surface afin de ne pas avoir la terre à nue. Si la protection n'est pas assez dense, on rajoute des herbes tondues aux abords.
Est-ce utile de le préciser, on évite de piétiner cet emplacement !
Vous l'aurez compris, à ce stade, il n'y a pas encore de trou. Pour nous, c'est une complète aberration de faire un trou à l'avance et de le laisser à l'air libre. Les micro-organismes de surface vont mourir et les bords du trou vont se compacter. Tout ce que l'on veut éviter !
Nous avons une nette préférence pour les plants en racines nues. D'une part, le prix est nettement plus abordable et d'autre part on peut parfaitement juger de l'état des racines. En outre, une plante en pot peut avoir passé plusieurs saisons sans que l'on s'en doute. Les racines risquent donc d'être entortillées ou atrophiées.
Selon notre expérience, mieux opter pour un arbre jeune qu'un arbre déjà bien formé. Le jeunot saura mieux que le vieux s'installer dans une nouvelle terre. C'est connu, les vieux n'aiment pas être transplantés.
Il nous est arrivé cependant de choisir un arbre déjà grand. Dans ce cas, nous nous adressons à la Pépinière Lemonnier qui utilise des Starpot pour ses grands sujets. Le pot, de forme inversée, empêche le chignonage et favorise le développement racinaire.
Aussitôt nos plants en racines nues réceptionnés, il faut les planter. D'où l'intérêt d'avoir greliné l'emplacement du trou au préalable.
Si l'on ne peut pas planter le jour même (parce qu'il pleut ou que le sol est gelé) nous commençons par tremper les racines dans un seau d'eau pour bien les humidifier puis nous déposons les plants dans la réserve de compost très mûr. On les entasse, les recouvre de terre-compost puis on protège le tout avec des feuilles mortes. On pourra les laisser ainsi quelques jours.
Normalement, chez nous en tout cas, le sol n'est pas gelé avant la mi-janvier / février. C'est pourquoi on préfère planter en novembre - décembre. Pas trop tôt quand même pour éviter que les plants n'aient pas encore atteint le stade dit du "repos végétatif".
Revenons donc à nos plants en racines nues. Il faut être très précautionneux quand on les emmène à l'emplacement prévu pour la plantation. Le plus important est de ne pas laisser sécher les racines au vent ou au soleil. On les recouvrira donc d'un plastique, de paille, d'une toile de jute ou de non-tissé.
Arrivé à l'endroit prévu, et pendant qu'on prépare le trou, nous procédons à un pralinage. Kézako ? C'est tout simplement un enrobage des racines dans un mélange un peu collant qui évitera qu'elles ne sèchent trop vite et qu'elles soient bien enveloppées pour le cas où elles seraient coincées dans une poche d'air (une fois en terre).
Traditionnellement, le pralinage est un mélange d'eau, de terre argileuse et de bouse de vache. La consistance doit ressembler à une pâte à crêpe. Certains suggèrent qu'en l'absence de bouse de vache, on peut utiliser du crottin de cheval, du fumier ou du compost. Personnellement, on n'est pas très chaud pour ça. Il y a quand même un gros risque de brûler les racines ! En outre, nous ne voyons aucun intérêt à mettre ces engrais au niveau des racines (on en reparlera plus bas).
Nous, en l'absence de bouse de vache (y a pas de vaches par chez nous), on mélange juste de la terre et de l'eau. Basta !
Évidemment, ceci n'est valable que pour les plants en racines nues :)
Eh oui, nous n'avons toujours pas creusé notre trou ! Nous sommes prêt, le plant est nos côtés baignant dans son pralin, un piquet à portée de main, tout est là. Avec l'aide d'une fourche, on enlève la terre sur une largeur et une profondeur à peine plus large que la motte ou les développements racinaire. Comme on a bien greliné au préalable, la terre est souple et facile à travailler. Il est tout à fait inutile de creuser plus.
C'est le moment de planter... un piquet de bois (ha, je vous ai eus, hein !). Eh oui, avant même de positionner l'arbre. On évitera ainsi de l'amocher au passage.
Pour les arbres, nous optons généralement pour des piquets de bois assez solide, de ceux qui sont faits pour durer plusieurs années. Le piquet sera bien enfoncé dans la terre avec l'aide d'une petite masse. On le pose en biais, contre le vent principal (le vent doit pousser le piquer dans la terre, pas l'inverse).
On ficellera l'arbre au piquet à l'aide d'un lien souple et élastique. On vérifiera chaque année que cette attache n'étrangle pas le tronc.
Dans le cas de grands sujets, nous plantons 3 piquets que nous rigidifions avec des demi-piquet (ou une lame de bois quelconque). L'arbre est ensuite attaché avec des liens élastiques aux 3 piquets.
Avant de mettre l'arbre au fond du trou, on lui enfile un filet anti-lapin. Il y a bien sûr d'autres alternatives, mais c'est celle qui nous convient personnellement le mieux. Dans notre ancien jardin, il y avait beaucoup de lapins et on a perdu plusieurs arbres à cause d'eux. Il suffit qu'ils grignotent la surface de l'écorce sur tout le pourtour et la sève ne peut plus passer. L'arbre meurt. Désormais, c'est filet obligatoire !
Enfin ! il ne reste plus qu'à déposer l'arbre, avec son filet autour du tronc, au fond du trou.
Certaines personnes conseillent de mettre du compost ou des feuilles d'ortie au fond du trou de plantation. Pour nous, c'est une hérésie.
Dans la nature, les apports au sol se font en surface, que ça soit des feuilles mortes, des branches cassées, des herbes coupées ou des crottes de bestioles. Tout le processus de décomposition se trouve en surface (via les insectes, les champignons, les bactéries, etc.), en aérobie. Jamais en profondeur. C'est seulement une fois que la matière organique ou les engrais sont transformés en azote et autres nutriments.
Ce sont les racines de surface qui vont puiser les minéraux. Les racines profondes, elles, sont là pour capter l'eau (et les oligo-éléments).
Vous l'aurez compris, nous ne mettons rien au fond du trou de plantation.
On rebouche immédiatement, à moitié. Puis on fait un arrosage très généreux jusqu'à ce que la terre soit bien boueuse. Les racines seront ainsi bien en contact avec la terre. On continue à reboucher en veillant à laisser le point de greffe, s'il existe, hors sol.
Ensuite, avec un pied délicat et léger, on tasse avec douceur. Un pied, j'ai dit, pas les deux ! Toujours dans l'idée d'enlever les éventuelles poches d'air, sans compacter la terre.
Le sol nu, c'est la mort ! La mort des micro-organismes par brûlure du soleil, par le vent, par lessivage, etc. C'est l'assurance de voir le pied de l'arbre colonisé par d'imposants chénopodes, du chiendent, des adventices rampant et autres joyeusetés. Hors, ce que nous voulons, nous, c'est un couvert permanent qui va nourrir le sol.
Sur un rayon de 50 cm autour de l'arbre, soit l'espace que nous avons greliné, nous ajouterons immédiatement de la matière organique (MO) à fort taux de carbone, à savoir du broyat (branches mortes, rameaux, annuels à tiges brunes et dures...) ainsi que des feuilles mortes. Tout des trucs faciles à trouver à cette époque de l'année. On en apportera ainsi chaque automne jusqu'à ce que l'arbre soit suffisamment grand pour se fournir lui-même (avec ses propres feuilles et ses propres branches broyées).
Cette MO va se décomposer très lentement en un humus riche et fertile ainsi qu'en azote (et autres minéraux).
Au printemps on ajoutera un peu de tonte fraîche pour aider les micro-organismes à lancer le processus. Si on a du compost ou du fumier à disposition, on pourra en déposer un tout petit peu au pied de l'arbre (pas trop près du tronc, attention !). Autre possibilité : l'extrait fermenté (purin) d'ortie, très riche en azote. De notre côté on va désormais privilégier le thé de fientes de poule (j'en parlerai un jour) qui est à la fois fortement azoté et riche en micro-organismes.
Idéalement, au niveau de la future couronne, on sèmera des plantes fixatrices d'azote, comme le trèfle, la vesce ou le lupin. La bonne idée c'est de semer aussi chaque année des fèves ou des petits pois !
Il est important de soigner l'arrosage des nouveaux plants. C'est une idiotie de penser qu'en les assoiffant on va les fortifier. Ce que l'on cherche, c'est qu'ils fassent de belles racines profondes et lointaines et le plus vite possible des rameaux bien feuillus pour une bonne photosynthèse.
De notre côté, nous avons opté pour un système d'arrosage au goutte-à-goutte. Si vous préférez l'arrosoir, prévoyez alors une cuvette d'arrosage et versez l'eau lentement pour éviter le lessivage et une fuite des oligo-éléments.